Bangkok, 10 février 2014
Pour mon premier voyage en Asie, je suis allé en Thaïlande en février 2014. J'avais entendu parlé de toutes sortes d'arnaques qui arrivait parfois aux touristes. J'avais pris la peine de faire mes devoirs et de m'informer sur le sujet avant de partir. Je me croyais à l'abris de ce genre de chose. Mais, j'allais apprendre à mes dépends que je me trompais...
3:00 du matin, Khao San Road
J'en étais à ma deuxième journée à Bangkok quand j'ai décidé d'aller faire une petite promenade de soir sur Khao San Road qui se trouvait à 5 minutes à pieds de mon hôtel. Je pensais faire ça court puisque j'avais un vol dès le lendemain matin à 8h pour me rendre au sud de la Thaïlande... J'avais pris quelques bahts ($) pour faire de petites dépenses au cas où et j'avais bien pris soin de mettre tout le reste de mon argent dans le coffre-fort de ma chambre.
Chemin faisant, au travers cette mer de monde sur cette fameuse rue, je me suis arrêté boire un verre sur une terrasse. Verre après verre, rencontre après rencontre, je suis passé du gars seul sur sa table qui pensait rentrer tôt au gars qui connaîssait tous le monde sur la terrasse et qui enchaînait les «shooters» sans fin avec un groupe de Britannique... c'était la fête! Admettons que j'avais assez bu pour obtenir le courage nécessaire pour manger mon premier scorpion frit... c'est bien pour dire!
Après avoir fait et reçu quelques tournées d'alcool sur la table, j'ai jugé bon que mon tour était revenu pour payer la facture de la prochaine tournée. Ayant laissé presque tout mon argent dans le coffre-fort de ma chambre d'hôtel, je devais me rendre au guichet ATM le plus près pour faire un retrait. Ce guichet était à peu près à un coin de rue d'où je me trouvais, directement sur le trottoir de Khao San Road, à ciel ouvert. Je me suis donc précipité pour accomplir ma mission tout en titubant..
Le guichet ATM
Lorsque je suis arrivée à destination, il y avait un groupe de femme qui se tenait juste à coté du guichet sur le trottoir et formait un cercle en discutant. Ces femmes qui étaient, selon toute vraisemblance, des hommes dans une autre vie... une autre vie très proche... genre la semaine passé ou le matin même... vous voyez ce que je veux dire? Des «ladyboys» comme on dit en Thaïlande!! Plus communément appelé «shemale» au Québec ou travesti dans le dictionnaire! Tout en m'assurant de les ignorer, j'insère ma carte dans le guichet et je m'apprête à faire un retrait de quelques dollars seulement pour couvrir la prochaine facture et peut-être les frais d'un taxi pour le retour à l'hôtel...
Mais, que se passe t-il? Je suis devant l'écran et tout est écrit en thaïlandais. Pourquoi je ne vois pas l'option «english» ou quelque chose?! Je parcours l'écran de haut en bas en dandinant mais rien!! Que des mots écrits en thaïlandais!
Il n'en fallait pas plus pour que je me fasse approcher par l'une des «ladyboys» qui se trouvait à côté et qui avait senti ma détresse. Do you need help? Let me help you! Refusant son aide au début, j'ai laissé tomber ma crainte étant prit au dépourvu... Yes you can help me! I need to make a withdrawal of 500 bahts (environ 20$ canadien) please. La «ladyboy» se précipite sur mon guichet et me dit no problem, no problem! Let me do it for you! Elle se met à pitonner sur l'écran à une vitesse infernale et pouff... l'argent sort du guichet comme je l'avais souhaité! Parfait! Mais à ma grande surprise, la «ladyboy» s'est emparé du montant d'argent et s'est mit à courir dans la ruelle!!
Mais qu'es-ce que c'est que ça? Es-ce qu'elle pense vraiment que je ne pourrai pas la ratrapper avec ses petites sandales!? Je me met à courir en sa direction et je l'a rattrappe aussitôt en criant ciseau! Non... plutôt en criant: give me my money b....!!
À ma grande surprise, elle obtempera et me tendit mon argent en s'excusant d'un air de chien battu, sorrrry!
Quoi qu'il en soit, je récupère mon argent (500 Bahts) et je me dis que je l'ai échappé belle... J'ai failli me faire voler après seulement 48h à Bangkok. Es-ce que je vais me faire engloutir par la Thaïlande comme un débutant?
Je marche alors en direction de la terrasse pour retrouver mes nouveaux amis afin de continuer cette buverie quand soudainement, j'ai l'impression d'en avoir manqué une... Je suis perplexe suite à ce qui vient de m'arriver... Je réfléchi à tout ça calmement quand finalement, une ampoule s'allûme dans mon cerveau échaudé, une cloche qui sonne! Es-ce qu'elle a vraiment fait un retrait de 500 bahts ou elle a retiré le maximum permit et profité de sa petite course en sandale pour séparer les 500 bahts du gros lot... pour ensuite me le redonner avec son air de chien battu et de garder la balance dans ses poches!? Mais quel stratagème!! Je suis tellement convaincu que c'est probalement ce qui est arrivé que j'en ai la chair de poule! Je me suis fais réellement voler!!
Le moment de vérité
J'entre dans le premier Bistro que je vois et je demande le code WIFI au barman en lui expliquant brièvement mon histoire. Une fois le code en main, je me connecte sur mon compte de banque en ligne et je vérifie aussitôt les dernières transactions effectuées... Ce que je craignais le plus de voir se trouvait directement sous mes yeux: un retraît de 10 000 bahts venait d'être effectué avec ma carte! La totale! Le maximum que l'on peut retirer dans un guichet ATM à Bangkok. C'est confirmé, je me suis fais voler! Quelle humiliation, quelle sensation désagréable.
Retour sur les lieux du crime
Je retourne aussitôt sur les lieux du crime en espèrant recroiser mon assaillante mais sans succès evidemment. Je me dirige alors sur la terrsasse du bar en face et demande à la barmaid qui, je savais avait été témoins de la scène, si elle connaissait la personne qui m'avait volé. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle a prit un bout de «scott towel» sur la table et elle a inscrit un nom dessus en lettre thaï. Elle me le remet en me disant que c'est le nom de la personne qui m'a volé. Je suis donc partie avec mon bout de «scott» à la main en direction du poste de police le plus près, qui était à 2 coins de rue.
Le bout de «scott»
J'entre au poste de police et je me dirige vers un policier qui est assis derrière son bureau. Je lui déballe toute mon histoire en lui montrant mon bout de «scott». Le policier me regarde perplexe sans broncher... Je lui demande de rédiger au moins un rapport de police quelque chose mais il ne semble pas vouloir obtempérer. J'insiste mais il ne veut rien entendre!
C'est quoi cette mascarade je me demande? Je me montre alors plus insistant et je lui verbalise que je ne sors pas d'ici tant et aussi longtemps que je n'ai pas un rapport de police entre les mains. Désespéré et visiblement irrité, il me dit de patienter sur un ton plutôt agressif et quitte le poste de police par la porte où j'ai entré. J'attend quelques minutes ne sachant pas trop ce qui va arriver... Je me demande si je ne suis pas trop insistant, si je ne vais trop loin pour obtenir mon rapport sachant que la police thaïlandaise n'a pas très bonne réputation... Mais après tout, je le veux ce rapport, il me faut bien une preuve si je veux déclarer mon vol aux assurances...
Au bout d'un moment la porte s'ouvre enfin... Mais que vois-je!? Je suis presque tombé en bas de ma chaise quand j'ai vu le policier entrer avec mon assaillante! Mais c'est quoi ce délire? Ils se connaissent?
Arrangez-vous comme vous voulez
Le policier reprend place derrière son bureau devant moi et mon assaillante s'assoit à coté de moi. Je confirme au policier qu'il s'agit bien de la personne qui m'a volé et que je veux juste récupérer mon argent. Ils discutent ensemble dans leur langue un petit moment et je les écoutes sans rien comprendre... Le policier finit par se lever et me verbalise dans un anglais douteux une phrase du genre, arrangez-vous comme vous voulez et il s'éloigne...
Fouille par palpation
Je commence à me quereller avec celle qui m'a volé et je lui demande de me remettre mon argent. Elle me dit qu'elle ne l'a pas alors je saisie sa sacoche pour la fouiller et, je la vire à l'envers afin de faire tomber tout le contenu... Rien qui vaille! Je suis désespéré. Je décide alors de lui faire une fouille par palpation mais encore une fois, rien! Le policier voit mon insistance et reviens vers moi. Je lui fais comprendre que je suis sérieux et que je veux un rapport de police tout de suite ou encore mieux, mon argent!
Le complot
Le policier se dirige maintenant vers les cellules d'isolements du poste de police sans dire un mot. Je le perd de vu quelques secondes et je le vois revenir avec un présumé détenu qu'il s'apprête à relâcher selon ce que j'en déduit. Ce dernier porte un gilet blanc immaculé de sang. Il a aussi quelques gouttes de sang sur son visage mais il n'a aucune echymose. Tout ça semble irréel ou même «stagé». Le détenu vient vers moi et me dit dans un anglais impeccable quelque chose comme «si tu ne veux pas finir comme moi, tu serais mieux de partir tout d'suite!». Mais c'est quoi cette galère je me dis?? Un film? Un complot? Ils vont se séparer mon 10 000 bahts à part égale? Que se passe t-il? Personne ne me prend au sérieux dans ce poste de police!
Backup!
Je décide alors de dégainer mon Iphone et de prendre une video de la scène tout en proclamant mon droit d'avoir un rapport de police rédigé! Si tout à l'heure je me demandais si j'avais été trop loin, eh bien là j'en ai eu la confirmation quand j'ai vu le regard que le policier m'a lancé! J'ai tout à coup réalisé que j'étais à l'autre bout du monde et que ce policier pouvait me faire disparaître sans laisser de trace... Le policier a saisi son «walki-talki» et s'est exclamé quelque chose en thaïlandais que je traduirais comme «BACKUP AU QG, J'ai un illuminé qui ne tient plus à vivre».
Les renforts débarquent
À peine une minute après l'appel au renfort, je vois par la porte vitrée une moto de police arriver en trombe dans le stationnement. Par chance, cette scène à elle seule, suivant le regard que le policier venait de me lancer m'a fait dégriser d'un coup! Enfin je commençais à avoir les idées plus claires et moins suicidaires. Je me posais enfin les bonnes questions du genre «es-ce que ca vaut vraiment la peine de mourir pour 10 000 bahts??» Après tout c'est seulement 350$ canadien tout ça! Enfin des pensées raisonnables qui me venaient à l'esprit! J'avais fait assez de grabuge dans ce poste de police. Il était temps que je me défile! Mais es-ce qu'il était déjà trop tard?
Le courage est dans la fuite
Avant même que le policier en moto eu le temps de se stationner, j'ai eu la vigilance d'appliquer une fois de plus mon vieux dicton qui perdure depuis des années: le courage est dans la fuite!!! J'ai pris la poudre d'escampette en croisant le policier qui débarquait de sa moto dans le stationnement. Je me suis ensuite fondu dans la foule sur Khao San Road 350$ plus pauvre mais résigné... J'avais tout essayé! Je suis retourné vaincu à ma chambre d'hôtel mais vivant!
Une fois rendu à ma chambre, j'ai ouvert le coffre-fort et il y avait exactement le même montant que je venais de me faire voler. Une belle palette quand même...
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